Par un communiqué en date du 11 juin 2015, nous avons appris que la Commission Européenne avait ouvert une enquête antitrust formelle sur les pratiques commerciales d’Amazon dans la distribution de livres numériques.

Sans préjuger des résultats de cette enquête, qui pourrait prendre plusieurs mois ou plusieurs années, le SDLC tient à rappeler qu’il s’est toujours élevé contre une approche monopolistique du marché du livre numérique.

L’accès au livre numérique, tant pour le lecteur que pour le libraire, représente un coût supplémentaire par rapport au physique : pour le lecteur, c’est sa liseuse, sa tablette ou son smartphone. Pour l’éditeur ou le libraire, l’accès à une plateforme (généralement mutualisée) induit des investissements importants et pas toujours rentables à court terme.

Amazon a d’emblée pris des parts importantes sur le marché du livre numérique dans les pays anglo-saxons en proposant une gamme très large (qui s’amortit sur un bassin de population très important -USA + Royaume Uni + reste du monde), des outils de lecture adaptés (Kindle) et une politique de prix principalement basée sur la vente à perte afin d’attirer le plus grand nombre de consommateurs dans son écosystème.

Notons que cette politique de prix est légale dans certains pays, ce qui tend à dévaloriser l’image de livre et de fragiliser les acteurs les plus fragiles. Ces effets se sont massivement fait sentir dans le monde anglo-saxon où de nombreux libraires indépendant et chaînes ont du fermer face à cette concurrence.

Fort de ces succès, Amazon a pu conquérir d’autres marchés en Europe, consolidant ainsi son statut de leader. Le géant de Seattle a-t-il abusé de cette position dominante ? Les résultats de l’enquête sauront nous le dire.

En attendant, force est de constater que dans les négociations rendues publiques entre les éditeurs (comme Hachette aux Etats Unis) et Amazon, ce dernier n’a pas hésité à prendre l’éditeur, les auteurs et les lecteurs en otage en réduisant parfois dramatiquement l’accès à l’offre.

En Europe, rappelons que nos confrères du Börsenverein avaient alerté l’année dernière leur parlement sur le même sujet, en mettant en avant le Groupe Bonnier sur lequel Amazon mettait une pression jugée inconsidérée pour obtenir des remises toujours plus importantes.

Rien de tel pour l’instant en France où l’on estime cependant la part de marché d’Amazon à 65 % environ ( très loin devant Kobo crédité de 25%). Le prix unique du livre numérique et un système contractuel très élaboré semble aujourd’hui pacifier les relations entre les éditeurs et leur plus gros client numérique.

CommuniquédepresseEIBF11062015enquêteCommissionAmazon