Land De Hessen – EIBF – Börsenverien des Deutschen Buchhandels le 12 mai 2015

Mot de bienvenue de Frederic Von Heusinger, Directeur de la représentation du Land de Hessen auprès de l’UE.

Le Land de Hessen, qui abrite le salon du Livre de Frankfort est sensible aux efforts des            acteurs de la chaine du livre pour protéger leur filière et souhaite apporter son soutien à leur démarche

Introduction par Heinrich Riethmüller, Président du Börsenverein des Deutschen Buchhandels

Après une présentation des intervenants,  Heinrich Riethmüller insiste sur le fait que les libraires doivent se professionnaliser dans les domaines du conseil et de la mise en valeur de l’offre numérique. La pression exercée par Amazon sur la librairie, la concurrence accrue doit pousser nos libraires à rechercher des solutions et nos collectivités à protéger nos commerces. Pour la diversité de l’offre, il faut contrer les monopoles et les situations dominantes.

Compte rendu de la conférence sur le Digital Single Market donnée par Günther Oettinger, Commissaire européen en charge de l’économie et de la société numérique

Ne pas se détourner des tendances : le marché ne reviendra pas en arrière sur la dématérialisation de la presse et des produits culturels.

On lit de moins en moins de magazine papier, mais on les feuillette sur tablette : chaque jour un journal meurt en papier et renait en digital.

La génération Y va chercher l’info sur le net, c’est lié à une évolution de l’enseignement qui touche tous les jeunes.

CE veut établir une stratégie claire de concurrence mondiale avec de gros intervenants européens

  • Besoin de promouvoir les créateurs
  • Jeter des ponts numériques entre les divers acteurs de la filière du livre (auteurs, éditeurs, libraires)
  • Faire un état des lieux
  • Nous positionner sur ce marché
  • Ne pas laisser la créativité à la Sillicon Valley, où le poids économique des sociétés les plus importantes est sans commune mesure avec celui des entreprises européennes.

Les géants du GAFA veulent tout numériser : l’Europe ne peut aller contre, mais doit imposer ses règles et ne pas accepter les leurs.  Il faut établir une stratégie de marché unique du numérique :

  • Produire des normes de protection, de sécurité dans une union où il y a 28 pays et 28 règles
  • Protéger notre tissu d’entreprises, y compris les PME et TPE
  • Garantir la protection des données personnelles et leur exploitation non contrôlée
  • Digital Single Market =Marché unique = gendarme unique, plus fort
  • Un cadre juridique doit forcer les Gafa à se conformer à nos règles

L’Europe :

  • Est le plus gros marché du monde
  • Pose les jalons de l’offre culturelle

Il ne faut pas rester les bras croisés, mais profiter des opportunités crées par ce marché.

Copyright :

Face à une industrie culturelle immense et diverse, le consommateur est de plus en plus curieux, mais il consent de moins en moins à payer : face à ce champ de tension, il faut trouver des réponses équilibrées !

Si le consommateur refuse de payer, c’est à terme la créativité qui en fera les frais et la culture en général qui s’appauvrira. Il faut donc consolider la chaine de valeur  et poser des règles.

En octobre 2015, la CE proposera un arsenal juridique pour protéger le droit d’auteur, mais défendra aussi des exceptions, en particulier pour les bibliothèques.

Le commissaire encourage fortement les états à investir massivement dans les bibliothèques en insistant sur la notion de gratuité !

Pas de gratuité pour l’industrie ou le commerce, mais gratuité pour les bibliothèques !

Il nous interpelle : qui osera remettre un prix sur les livres…tout en reconnaissant que les nouvelles générations ont besoin du conseil des libraires (et pas seulement des algorhytmes des moteurs de recherche et de recommandation) et que la nouvelle législation doit lutter contre le téléchargement illégal gratuit

En novembre 2015 la CE proposera un projet de législation des droits numériques.

La CE veillera à éviter le cannibalisme entre l’audiovisuel et l’imprimé.

Le commissaire souhaite que l’Europe retrouve sa souveraineté sur les données (c’est là que réside le pouvoir de demain) et pose la question de savoir qui sera au centre de la création de valeur !

De la même façon que certains géants industriels européens se sont effondrés (Nokia), rien ne dit que les GAFA seront éternels. En attendant la création ou la renaissance d’acteurs européens d’envergure mondiale, il faut :

  • Protéger les acteurs et les employés de l’industrie du livre, et en particulier les libraires traditionnels qui sont des niches sensibles
  • Protéger les entreprises familiales
  • Freiner la technique, mais ne pas l’arrêter.

Table ronde et débat entre :

FP-Fabian Paagman : libraire et co-président de l’EIBF

NG-Nina George : auteur et journaliste

AS-Alexander Skipis, directeur du Börsenverein

VR-Virginie Rozière, Députée Européenne et membre de la commission du marché intérieur et de la protection du consommateur.

Modéré par Jacki Davis, Journaliste.(JD)

Q : Quelles sont les principales opportunités que le Marché Unique du Numérique ouvre à la chaine du livre en Europe ?

FP : beaucoup d’opportunités, nous voulons servir de plus en plus de clients. Mais il faut établir des règles pour que le DSM –Digital Single Market ne se transforme pas en DSP – Digital Single Player

NG : la situation est ‘’bitter-sweet’’ douce –amère : d’un côté internet permet de toucher de plus en plus de lecteurs, de faire de nombreux essais de genres et de formats, de l’autre la rémunération des auteurs est de plus en plus faible. Les forfaits précarisent les auteurs.

VR : des aspects intéressants, la baisse de la TVA sur le livre numérique ou la perception de l’impôt sur le lieu de vente. Il faut que la valeur ajoutée revienne au créateur.

AS : Optimiste pour le livre numérique en Allemagne, où une plateforme commune a su prendre sa place face à Amazon.

FP : les libraires ont depuis toujours été confrontés à la concurrence : ce qu’il nous faut, ce sont des de règles claires et un environnement juste.

AS : insiste sur le flou qui entoure encore l’agenda et les propositions de la CE sur ce domaine

VR : distorsion entre conditions accordées aux libraires et aux gros acteurs

NG : j’aime mon éditeur et j’en ai besoin : un livre = un travail d’équipe. La précarisation de l’éditeur est aussi un risque pour l’auteur. N’est pas favorable aux prix abusivement bas.

JD : autour des Taux de TVA (et rappelle qu’Amazon a décliné l’invitation à s’exprimer)

AS : demande l’harmonisation des taux

FP : trop de piratage à cause de prix élevés : au Pays-Bas, 90% des livres numériques téléchargés sont piratés.

NG : s’insurge sur le géo-blocking et la difficulté à commander un livre numérique d’un pays à l’autre.

Diverses questions et commentaires dans le public :

Eric Hardin (Alire) : la question des TAFTA TTIP ne risque-t-elle pas de remettre en cause le DSM ?

VP : c’est une nécessité absolue que le livre fasse partie de l’exception culturelle

Ann Bergman (FEP) : S’élève contre ceux qui parlent d’intermédiaires dans la chaine du livre alors que nous sommes partenaires. Intermédiaire à un sens négatif alors que les partenaires créent de la valeur ajoutée

Autre intervenant : attention, nous parlons de culture, c’est bien plus important et différent des autres biens de consommation

Autre intervenant : la baisse de TVA sur le livre numérique risque de causer une baisse de ressources importantes pour les états

Conclusion :

FP : il faut regarder et promouvoir la richesse que nous avons, et pas celle que nous n’avons pas et qui se trouve de l’autre côté de l’océan.

NG : défendre les droits d’auteur et la création de valeur dans la chaîne

VP : il faut que la valeur revienne aux créateurs pour garantir la diversité de l’offre

AS : le DSM doit permettre le contrôle du marché